jeudi 12 septembre 2013

Qui sait? Qui a tort? Qui a raison?

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SYRIE. ENTRE MOSCOU ET WASHINGTON, LE TON MONTE AVANT LE SOMMET
Le Nouvel Observateur avec AFP
Moscou accuse les rebelles d'avoir utilisé les gaz de combats et précise que le recours à la force en dehors du cadre du Conseil de sécurité "constituerait un acte d'agression".

Le président russe hausse le ton face aux Occidentaux. Vladimir Poutine met en garde, jeudi 12 septembre, les Etats-Unis contre l'usage de la force en Syrie, à quelques heures d'un sommet crucial entre Moscou et Washington sur un plan russe de démantèlement de l'arsenal chimique syrien. De leur côté, les Etats-Unis ont appelé le même jour le régime syrien à déclarer au plus vite la taille et les spécificités de son arsenal chimique.
Ce haussement de ton intervient quelques heures avant une rencontre prévue jeudi et vendredi entre le secrétaire d'Etat John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov - accompagnés de dizaines d'experts en désarmement. Les discussions sont censées rouvrir une voie diplomatique sur le conflit en Syrie et repousser l'éventuelle action militaire punitive annoncée par les Etats-Unis. "C'est faisable mais difficile", a déclaré un officiel américain aux journalistes qui accompagnent John Kerry, Kerry, qui vient de poser le pied à Genève.

La Russie attribue l'attaque chimique aux rebelles
Dans une tribune publiée par le "New York Times", le président Poutine a remis la pression sur Washington. Il a d'abord accusé les rebelles syriens, et non l'armée du président Bachar al-Assad, d'avoir perpétré l'attaque chimique du 21 août près de Damas, dans le but de provoquer "une intervention" des Etats-Unis.
Et le chef de l'Etat russe, plus proche allié de Damas, a prévenu qu'un éventuel recours à la force en dehors du cadre du Conseil de sécurité de l'ONU serait "inacceptable" et "constituerait un acte d'agression".
En outre, a averti le chef du Kremlin, des frappes sur la Syrie pourraient déclencher une "nouvelle vague de terrorisme, (saper) les efforts multilatéraux pour résoudre le problème nucléaire iranien et le conflit israélo-palestinien et déstabiliser davantage le Proche-Orient et l'Afrique du Nord", tout en mettant à bas le système onusien.
Il faudrait donc, écrit Vladimir Poutine, que "les Etats-Unis, la Russie et tous les membres de la communauté internationale saisissent l'occasion de la volonté du gouvernement syrien pour mettre son arsenal chimique sous contrôle international afin de le détruire". Vladimir Poutine conclut sa mise en garde sur un ton plus conciliant en saluant la "confiance grandissante" avec son homologue américain Barack Obama.
Les deux chefs d'Etats, aux relations glaciales, s'étaient vus en tête-à-tête au sommet du G20 à Saint-Pétersbourg la semaine dernière pour discuter de ce plan russe de mise sous séquestre international, en vue de sa destruction, du plus important arsenal chimique du Moyen-Orient.
Leurs chefs de la diplomatie et leurs experts doivent examiner dans le détail à Genève ce projet et sont convenus mercredi au téléphone d'avoir une "discussion réelle sur les mécanismes d'identification, de vérification et de destruction de l'arsenal d'armes chimiques (du président) Assad afin qu'il ne puisse plus jamais être utilisé", a confié un responsable du département d'Etat.
Kerry vs Lavrov 
Les Etats-Unis accusent le régime syrien d'avoir perpétré un massacre aux armes chimiques le 21 août près de Damas, tuant 1.429 personnes, selon le renseignement américain.
Ces rencontres exceptionnelles américano-russes résultent du coup de théâtre diplomatique de Moscou qui avait proposé lundi à la Syrie de démanteler son stock d'armes chimiques sous supervision internationale.
Sergueï Lavrov avait dévoilé lundi un projet "réalisable, précis, concret", après une apparente gaffe de John Kerry le même jour à Londres qui avait proposé au président syrien de rendre ses armes chimiques "d'ici une semaine" s'il voulait éviter une action militaire.
A Genève, John Kerry devrait aussi continuer d'explorer la voie diplomatique pour tenter de régler le conflit syrien : il verra l'envoyé spécial de la Ligue arabe et de l'ONU pour la Syrie, Lakhdar Brahimi. L'ONU, Washington et Moscou s'efforcent depuis des mois d'organiser une conférence internationale de paix, dite Genève 2, qui réunirait la communauté internationale autour du régime syrien et de l'opposition politique et armée.
Mais la Russie et les Etats-Unis s'affrontent depuis deux ans et demi sur la Syrie et le Conseil de sécurité de l'ONU est paralysé.
Ses cinq membres permanents (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Chine) se sont encore séparés mercredi après 45 minutes de discussions sans conclusion sur un projet de résolution visant à détruire l'arsenal chimique syrien.
Washington cherche une porte de sortie diplomatique 
Un premier texte préparé par Paris, avec l'appui de Washington, avait été jugé "inacceptable" par Moscou : il imputait la responsabilité de Damas dans l'utilisation des armes chimiques et prévoyait l'emploi de la force en cas de violations de la résolution.
Mardi soir, lors d'une adresse solennelle à la Nation, le président américain Barack Obama - par principe très réticent à intervenir militairement en Syrie - a laissé une chance à la diplomatie en qualifiant le plan russe d'"encourageant". Il a ainsi repoussé de facto la perspective des frappes militaires qu'il avait lui-même annoncées le 31 août, à la condition toutefois que le Congrès donne son feu vert.
L'Union européenne, qui soutient diplomatiquement une éventuelle opération armée, a appelé à "profiter de cette nouvelle dynamique" créée par la proposition russe.
Quant aux Nations unies, son secrétaire général Ban Ki-moon a reconnu que "notre échec collectif à prévenir les atrocités commises en Syrie depuis deux ans et demi pèsera lourdement sur la réputation de l'ONU et de ses Etats membres".
Sur le terrain, près de Homs, dans le centre de la Syrie, le Front al-Nosra, groupe extrémiste sunnite affilié à Al-Qaïda, et un autre groupe rebelle ont lancé mardi une attaque contre des villages à majorité alaouite, la minorité chiite de Bachar al-Assad. De violents combats ont éclaté entre l'armée et les rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Et un raid aérien de l'armée syrienne sur un hôpital de fortune dans la province d'Alep (nord), a tué au moins 11 personnes mercredi, selon la même source.

Seuls ceux qui ont enfreint les limites connaissent la vérité.

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