Non, chère Léonie, vous n'êtes pas toute seule et il n'y a ni Waterloo ni Bérézina ...
En
cette période de début d'année et de bonnes résolutions, après
le discours du Roi de la Noël, la montée nationaliste, la perte
progressive de notre identité culturelle au profit d'un islam qui devient de plus en plus omniprésent, mon attachement pour notre belle capitale et notre pays étant tel que j'ai l'honneur de vous livrer ma première cuvée.
Le texte qui suit a été rédigé par Jean d'Osta, écrivain, humoriste, zwanzeur et philologue hors pair qui m'enchante toujours de lire et d'écouter.
Jean d'Osta, grand précurseur avait en son temps déjà bien compris que le bruxellois était en voie de disparition. Et lorsqu'on parle de bruxellois, je ne parle pas de tout ces "nouveaux bruxellois" mais bien de ces bruxellois qui nous ont légués l'immense patrimoine dont il ne reste presque plus rien aujourd'hui...
J'ai donc décidé de mettre ce texte en ligne afin de lui rendre l'honneur qui lui est dû et je conseille à notre gouvernement de s'inspirer de l'idée qu'il a eu en son
temps, et qui reste malgré tout actuel.
Jean d'Osta nous a livré,
un texte charabiatique mêlant les deux langues bruxelloises. Il
l'appela le « belgan »
Parlons
belgan
"Moi,
que je suis partisan d'une langue internationale, comme le bruxellois
ou l'espéranto, je suis pas content que l'O.N.U. a refusé la
demande de la Fédération Espérantiste, qui voulait qu'on
supprimasse les traductions à l'O.N.U. et que tout se fisse et
s'écrevisse en espéranto... Oué, le délégué américain celui-la
il a trouvé que l’espéranto ça était trop artificiel et que si
on veut vraiment une seule langue pour le proet et les paperasses de
l'O.N.U., on devrait plutôt se servir de mots réels et existants
qu'on choisirait dans les plus principales grandes langues. Et y a
même un savant fonskionnaire de l'O.N.U. qui a fabriqué comme ça
une langue mondiale avec des mots anglais, russes, français et
chinois ; il a appelé ça l'onusian.
Je
suis pas encore prêt à apprendre l'onusian, malgré que la
grammaire soye très simple et qu'on chache tirer son plan avec deux
mille mots seulement. Mo je trouve qu'on pourrait déjà essayer ça
sur une plus petite échelle, en Belgique, ousqu'y aurait seulement
deux langues à mélanger.
Comme
vous savez, on a beaucoup des ennuis avec la doublitude de nos
langues nationales ; une seule serait beaucoup mieux : une sorte
d'half en half qu'on appellerait par exemple le Belgan.
Avouez
que le Belgan ça rendrait des services formidables : plus de
taalgrens, plus de splitsing, plus de carcan, plus de
régionalification, plus de paperasses en partie double, plus de
traducteurs. Quelle économie ! Quelle facilité !
Je
suis sur que notre si intelligent et patriotiste Premier ministre
sera le premier pour adopter le Belgan. Et j'entends déjà le beau
discours qu'il nous ferait devant les caméras et les micros
fusionnés de la BRT-RTBF :"
« Mijn
beste concitoyens,
Ik
ben content dat wij een unique en eigen langue hebben. Los van la
Francitude, et l'flamind à l'huche ! In Vlaanderen Belgan et
les Wallons hetzelfde. À partir de vandaag, al nos administraties
zijn gesimplifieerd : la moitié van de employés zijn stampés à la
porte, puisque wij nietmeere hebben besoin van een rol français en
een rol nederlandstalig. Seulement een rol belgan. Traducteurs en al
de tweetalig paperassen zijn superfluut.
Slechts
een directeur-generaal au lieu van twee, etc. en zo voort. Natuurlijk
wordt de radio gebelganiseerd, op de nieuwe longueur d'onde unique
van 572 meter. La moitié van de antennen seront gedemonteerd, en het
budget met 50 % gediminueerd.
Pour
la televisie ook, grote simplificatie : un seul centre van produktie,
in Brussel, au lieu van tien geregionaliseerde. Wat een economie ! En
zo, mijn beste auditeurs, vous aurez de mooiste programmes van heel
Europa.
Autre
goed nieuws : la frontière linguistique est afgeschaft, geen
carcan meer voor de Brusselaars, vermits tout le monde is
belganophone. De nederlandse cultuur et la française sont natuurlijk
gefusioneerd, de même que la Nationale Opvoeding.
ln
het Parlement, al de discours seront in belgan geprononceerd, les
lois in belgan geredigeerd, en de « Brabonçonne » zal
maar une seule version hebben :
Na
vele siecles d 'esclavage,
Le
Belgan sortant uit het graf
Geeft
ons enfin een schoon langage,
Met
eigen naam en ortograf...
De
« Royale Akademie van Taal en titteratuur belgane » (qui
remplacera de twee anderen) sera chargée van de quatre couplets van
de nieuwe « Brabançonne » te fignoleren.
Noteert,
mijn beste auditeurs, que het is een sociaalkatholiek gouvernement
qui offre aan het belgisch volk de véhiculaire taal qu'il mérite et
die het reflet van zijn génie is. Vous vous en souviendrez zeker
lors des prochaines verkiezingen.
Vive
le belgan kultuurtaal, sauveur van onze finances en primordieel
element van de nationale reconciliation !
Onze
fonctionnaires en onze soldaten apprendront zonder délai het belgan.
Op deze manier ils auront pour une fois quelque chose d'utile te
doen.
Slaapwel,
mes chers medeburgers. Rêvez au bon belgan et à al de economieskes
que wij daarmee gaan faire.
Wie
apprend le belgan, dat is 'n man ! »
Texte
original extrait de "Les Histoires de Jef Kazak",
p. 12.
Plutôt
que de vous fournir un lourd lexique belgan (qui n'existe de toute
façon pas ou pas encore), vous qui ignorez probablement cette
langue, j'ai préféré vous donner ci-dessous une traduction aussi
fidèle que possible du texte de Jef Kazak.
« Mes
chers concitoyens,
]e
suis content que nous ayons une seule langue et qui nous soit propre.
A la porte les partisans du français et ceux du flamand ! En
Flandre, on parle le belgan et il en va de même chez les Wallons. À
partir
d'aujourd'hui, toutes nos administrations sont simplifiées : la
moitié des employés sont mis à la porte puisque nous n'avons plus
besoin d'un rôle linguistique français et d'un rôle linguistique
néerlandais. Il n'y a plus qu'un rôle belgan. les traducteurs et
toutes les paperasses bilingues sont superflues. Il n'y aura plus
qu'un directeur-général au lieu de deux, etc., etc. Naturellement,
la radio sera « belganisée » sur la nouvelle longueur
d'onde unique de 572 mètres. la moitié des antennes seront
démontées et le budget sera diminue de 50 %.
Pour
la télévision aussi, grande simplification : un seul centre de
production, à Bruxelles au lieu de l0 régionalisés. Quelle
économie !
C’est
ainsi, mes chers auditeurs, que vous aurez les plus beaux programmes
de toute l'Europe.
Autre
bonne nouvelle : la frontière linguistique est supprimée ; plus de
carcan pour les Bruxellois puisque tout le monde est
« belganophone ». la culture néerlandaise et la
française sont naturellement fusionnées, de même que l'Éducation
nationale.
Au
Parlement, tous les discours seront prononcés en belgan, les lois
seront rédigées en belgan et la « Brabanconne » n'aura
plus qu'une seule version :
Après
de nombreux siècles d'esclavage,
le
Belgan sortant du tombeau
Nous
donne enfin un beau langage
Avec
son nom, son orthographe... Quel cadeau !
L' Académie
de langue et de lillérature belgane (qui remplacera les deux autres)
sera chargée de fignoler les quatre couplets de notre nouvelle
« Brabançonne ».
Notez,
mes chez auditeurs, que c’est un gouvernement socialo-catholique
qui offre au peuple belge la langue véhiculaire qu'il mérite et qui
est le reflet de son génie. Vous vous en souviendrez certainement
lors des prochaines élections.
Vive
le belgan culturel, sauveur de nos finances et élément primordial
de notre réconciliation nationale !
Nos
fonctionnaires et nos soldats apprendront le belgan sans délai. De
cette façon, ils auront pour une fois quelque chose d’utile à
faire.
Bonne
nuit, mes chers concitoyens. Rêvez au bon belgan et a toutes les
petites économies que nous allons faire grâce a lui.
Qui
apprend le belgan est grand ! »
Jean
d'Osta a délibérément décidé de rire de tout mais, probablement
de peur d'être obligé d'en pleurer. Il n'hésite jamais à évoquer
les manipulations politiciennes qui aboutissent à des
régionalisations, communautarisations, splitsings et autres mais il
déplore, en plus, la disparition du bruxellois tué par la volonté
des politiciens.
Pas simple le Belgan, le Bruxellois est plus savoureux. Je me suis intéressée à Jean d'Osta, sa bibliographie est fort étendue et je n'avais (et non) fait le rapprochement avec Jef Kazak.
RépondreSupprimerMerci de cette intervention. Et sorry, je dois avoir eu un petit coup de blues. Comme vous dites Charles nous perdons chaque jour un peu plus de nos cultures, de nos traditions (même païenne) une boulangerie ferme, réouverture et oh surprise nous avons changé de pays. J'ai trouvé triste, que dans cette boulangerie, située dans un quartier commerçant, n'a vendu ni bûches de Noël, coeur de Nouvel-An ou galettes des Rois. Reste, heureusement, les grandes surfaces.
n'a été vendu
SupprimerJ’ajourerai Charles si je peux, que si tout les Bruxellois ne peuvent et c’est bien compréhensible avoir l’humour et la poésie bruxelloise de notre Jean d'Osta, être bruxellois dans le coeur vous donne le droit d’être fière de ce que vous êtes.
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