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Goodyear : la lettre incendiaire du PDG de Titan à Arnaud Montebourg

Peut-on encore parler de franchise ? Le patron de Titan international, entreprise américaine spécialisée dans les pneus agricoles et qui était pressentie pour reprendre l'usine Goodyear d'Amiens, a adressé un courrier incendiaire au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Publié par Les Echos, mardi 19 février, le texte explique dans des mots très crus, et presque insultants, pourquoi le groupe a finalement décidé de renoncer.
Les premiers paragraphes sont plutôt sages, mais déjà fermes. "J'apprécie le fait que vous pensiez que votre ministère protège l'industrie et les emplois en France, écrit le PDG. Titan et moi avons une expérience de quarante ans dans le rachat d'usines déficitaires et dans leur redressement (...) Goodyear essaie depuis quatre ans de sauver une partie des emplois à Amiens, avec des salaires particulièrement élevés, mais les syndicats et le gouvernement n'ont fait que bavarder."

"Vous nous croyez stupides à ce point ?"

Puis, la lettre devient plus coriace. "J'ai visité cette usine à plusieurs reprises. Les ouvriers français sont beaucoup payés, mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure de pause au petit-déjeuner et au déjeuner, parlent pendant trois heures et travaillent pendant trois heures. J'ai fait part de cette remarque aux syndicats. Ils m'ont dit que ça marchait comme ça en France !"
Le patron de Titan explique ensuite que la Chine inonde le marché européen avec ses pneus agricoles, mais estime que le gouvernement français "ne fait rien". "Dans cinq ans, Michelin ne pourra plus produire de pneus en France, affirme-t-il. Monsieur, votre lettre demande d'entamer des discussions. Vous nous croyez stupides à ce point ? Titan a l'argent et le talent pour produire des pneus. Que possèdent vos syndicats fous ?"

"Gardez vos soi-disant ouvriers"

Jugeant que le gouvernement "ne se soucie pas" de ce problème, et notamment du fait que les Indiens et le Chinois subventionnent la production de pneus, le PDG finit sa lettre sur une promesse d'achat qui ne concerne pas la France : "Titan va acheter une usine de fabrication de pneus chinoise ou indienne, payer ses salariés moins d'un euro de l'heure et exporter tous les pneus en France. Vous pouvez garder vos soi-disant ouvriers. Titan n'est nullement intéressé par l'usine d'Amiens-Nord."
Cité par l'AFP, Arnaud Montebourg n'a pas souhaité commenter les propos du patron de Titan. Il a seulement indiqué : "Je ne veux pas nuire aux intérêts de la France".

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