Capture d'écran de la rue James Turner, à Birmingham (Angleterre), dans laquelle se déroule une émission de télé-réalité controversée, dont le premier épisode a été diffusé le 8 janvier 2014. 
 la rue James Turner, à Birmingham (Angleterre), dans laquelle se déroule une émission de télé-réalité controversée, dont le premier épisode a été diffusé le 8 janvier 2014.  
Sept millions de téléspectateurs ont regardé le premier épisode de Benefits Street [rue des allocations sociales]. Dans cette émission de télé-réalité, produite par la chaîne privée Channel 4 et centrée sur une rue défavorisée de Birmingham (Angleterre), un homme explique comment voler des vêtements dans des magasins. Un couple confesse, en riant, avoir été pris en flagrant délit de frauder le système des allocations sociales. En revanche, ne cherchez pas les habitants qui travaillent : ils ne figurent pas dans l'émission. 
Dimanche 12 janvier, soit quatre jours après sa diffusion, le programme continue de susciter des réactions violentes sur les réseaux sociaux. 

Polémique en plein débat sur les prestations sociales

Dans un contexte de débat national sur le système des aides sociales, initié par le Premier ministre, David Cameron, la diffusion de l'émission déchaîne les passions. "Voir cette racaille dans Benefits Street me rend dingue. Allez bosser, bande de chiens",lance @sasharabella sur Twitter. D'autres, comme @garryturner4 lance carrément un appel au meurtre : "Quelle pourriture de voyous. Une balle coûte environ 30 pence, donc avec un billet de 20 livres [24 euros], on pourrait se débarrasser de la rue et avoir encore de la monnaie en poche". 
Les habitants, eux, se sentent trahis par la chaîne. "Ils nous ont dit qu'ils voulaient saisir l'état d'esprit de la rue Turner et montrer le positif, mais la seule chose qu'ils ont faite est de montrer le négatif"s'est insurgé sur la BBC Dean Oakes, un riverain qui apparaît dans le premier épisode. Eux bénéficient du soutien de la présidente de la commission parlementaire chargée du travail, Anne Begg, membre de l'opposition travailliste. Cette dernière a accusé Channel 4 de se focaliser sur "des cas extrêmes". "Il n'y avait pas un seul bénéficiaire classique dans l'émission", a-t-elle dénoncé.
"Le tollé qu'elle a suscité me conforte dans l'idée de la nécessité absolue de proposer des programmes sur le sujet", s'est défendu le patron des documentaires à Channel 4, Nick Mirsky, dans une tribune au journal The Guardian. "Eviter la réalité quotidienne ou l'édulcorer serait un manquement à notre devoir". Tout le monde ne partage pas cet avis : plus de 20 000 personnes ont signé une pétition exigeant son interruption.