mercredi 9 janvier 2013

Le belgan - la bonne résolution



Non, chère Léonie, vous n'êtes pas toute seule et il n'y a ni Waterloo ni Bérézina ...

En cette période de début d'année et de bonnes résolutions, après le discours du Roi de la Noël, la montée nationaliste, la perte progressive de notre identité culturelle au profit d'un islam qui devient de plus en plus omniprésent, mon attachement pour notre belle capitale et notre pays étant tel que j'ai l'honneur de vous livrer ma première cuvée.

Le texte qui suit a été rédigé par Jean d'Osta, écrivain, humoriste, zwanzeur et philologue hors pair qui m'enchante toujours de lire et d'écouter.
Jean d'Osta, grand précurseur avait en son temps déjà bien compris que le bruxellois était en voie de disparition. Et lorsqu'on parle de bruxellois, je ne parle pas de tout ces "nouveaux bruxellois" mais bien de ces bruxellois qui nous ont légués l'immense patrimoine dont il ne reste presque plus rien aujourd'hui...
J'ai donc décidé de mettre ce texte en ligne afin de lui rendre l'honneur qui lui est dû et je conseille à notre gouvernement de s'inspirer de l'idée qu'il a eu en son temps, et qui reste malgré tout actuel.

Jean d'Osta nous a livré, un texte charabiatique mêlant les deux langues bruxelloises. Il l'appela le « belgan »

Parlons belgan

"Moi, que je suis partisan d'une langue internationale, comme le bruxellois ou l'espéranto, je suis pas content que l'O.N.U. a refusé la demande de la Fédération Espérantiste, qui voulait qu'on supprimasse les traductions à l'O.N.U. et que tout se fisse et s'écrevisse en espéranto... Oué, le délégué américain celui-la il a trouvé que l’espéranto ça était trop artificiel et que si on veut vraiment une seule langue pour le proet et les paperasses de l'O.N.U., on devrait plutôt se servir de mots réels et existants qu'on choisirait dans les plus principales grandes langues. Et y a même un savant fonskionnaire de l'O.N.U. qui a fabriqué comme ça une langue mondiale avec des mots anglais, russes, français et chinois ; il a appelé ça l'onusian.

Je suis pas encore prêt à apprendre l'onusian, malgré que la grammaire soye très simple et qu'on chache tirer son plan avec deux mille mots seulement. Mo je trouve qu'on pourrait déjà essayer ça sur une plus petite échelle, en Belgique, ousqu'y aurait seulement deux langues à mélanger.

Comme vous savez, on a beaucoup des ennuis avec la doublitude de nos langues nationales ; une seule serait beaucoup mieux : une sorte d'half en half qu'on appellerait par exemple le Belgan.

Avouez que le Belgan ça rendrait des services formidables : plus de taalgrens, plus de splitsing, plus de carcan, plus de régionalification, plus de paperasses en partie double, plus de traducteurs. Quelle économie ! Quelle facilité !

Je suis sur que notre si intelligent et patriotiste Premier ministre sera le premier pour adopter le Belgan. Et j'entends déjà le beau discours qu'il nous ferait devant les caméras et les micros fusionnés de la BRT-RTBF :"

« Mijn beste concitoyens,

Ik ben content dat wij een unique en eigen langue hebben. Los van la Francitude, et l'flamind à l'huche ! In Vlaanderen Belgan et les Wallons hetzelfde. À partir de vandaag, al nos administraties zijn gesimplifieerd : la moitié van de employés zijn stampés à la porte, puisque wij nietmeere hebben besoin van een rol français en een rol nederlandstalig. Seulement een rol belgan. Traducteurs en al de tweetalig paperassen zijn superfluut.
Slechts een directeur-generaal au lieu van twee, etc. en zo voort. Natuurlijk wordt de radio gebelganiseerd, op de nieuwe longueur d'onde unique van 572 meter. La moitié van de antennen seront gedemonteerd, en het budget met 50 % gediminueerd.
Pour la televisie ook, grote simplificatie : un seul centre van produktie, in Brussel, au lieu van tien geregionaliseerde. Wat een economie ! En zo, mijn beste auditeurs, vous aurez de mooiste programmes van heel Europa.
Autre goed nieuws : la frontière linguistique est afgeschaft, geen carcan meer voor de Brusselaars, vermits tout le monde is belganophone. De nederlandse cultuur et la française sont natuurlijk gefusioneerd, de même que la Nationale Opvoeding.
ln het Parlement, al de discours seront in belgan geprononceerd, les lois in belgan geredigeerd, en de « Brabonçonne » zal maar une seule version hebben :

Na vele siecles d 'esclavage,
Le Belgan sortant uit het graf
Geeft ons enfin een schoon langage,
Met eigen naam en ortograf...

De « Royale Akademie van Taal en titteratuur belgane » (qui remplacera de twee anderen) sera chargée van de quatre couplets van de nieuwe « Brabançonne » te fignoleren.
Noteert, mijn beste auditeurs, que het is een sociaalkatholiek gouvernement qui offre aan het belgisch volk de véhiculaire taal qu'il mérite et die het reflet van zijn génie is. Vous vous en souviendrez zeker lors des prochaines verkiezingen.
Vive le belgan kultuurtaal, sauveur van onze finances en primordieel element van de nationale reconciliation !
Onze fonctionnaires en onze soldaten apprendront zonder délai het belgan. Op deze manier ils auront pour une fois quelque chose d'utile te doen.
Slaapwel, mes chers medeburgers. Rêvez au bon belgan et à al de economieskes que wij daarmee gaan faire.
Wie apprend le belgan, dat is 'n man ! »

Texte original extrait de "Les Histoires de Jef Kazak", p. 12.


Plutôt que de vous fournir un lourd lexique belgan (qui n'existe de toute façon pas ou pas encore), vous qui ignorez probablement cette langue, j'ai préféré vous donner ci-dessous une traduction aussi fidèle que possible du texte de Jef Kazak.

« Mes chers concitoyens,
]e suis content que nous ayons une seule langue et qui nous soit propre. A la porte les partisans du français et ceux du flamand ! En Flandre, on parle le belgan et il en va de même chez les Wallons. À
partir d'aujourd'hui, toutes nos administrations sont simplifiées : la moitié des employés sont mis à la porte puisque nous n'avons plus besoin d'un rôle linguistique français et d'un rôle linguistique néerlandais. Il n'y a plus qu'un rôle belgan. les traducteurs et toutes les paperasses bilingues sont superflues. Il n'y aura plus qu'un directeur-général au lieu de deux, etc., etc. Naturellement, la radio sera « belganisée » sur la nouvelle longueur d'onde unique de 572 mètres. la moitié des antennes seront démontées et le budget sera diminue de 50 %.
Pour la télévision aussi, grande simplification : un seul centre de production, à Bruxelles au lieu de l0 régionalisés. Quelle économie !
C’est ainsi, mes chers auditeurs, que vous aurez les plus beaux programmes de toute l'Europe.
Autre bonne nouvelle : la frontière linguistique est supprimée ; plus de carcan pour les Bruxellois puisque tout le monde est « belganophone ». la culture néerlandaise et la française sont naturellement fusionnées, de même que l'Éducation nationale.
Au Parlement, tous les discours seront prononcés en belgan, les lois seront rédigées en belgan et la « Brabanconne » n'aura plus qu'une seule version :

Après de nombreux siècles d'esclavage,
le Belgan sortant du tombeau
Nous donne enfin un beau langage
Avec son nom, son orthographe... Quel cadeau !

L' Académie de langue et de lillérature belgane (qui remplacera les deux autres) sera chargée de fignoler les quatre couplets de notre nouvelle « Brabançonne ».
Notez, mes chez auditeurs, que c’est un gouvernement socialo-catholique qui offre au peuple belge la langue véhiculaire qu'il mérite et qui est le reflet de son génie. Vous vous en souviendrez certainement lors des prochaines élections.
Vive le belgan culturel, sauveur de nos finances et élément primordial de notre réconciliation nationale !
Nos fonctionnaires et nos soldats apprendront le belgan sans délai. De cette façon, ils auront pour une fois quelque chose d’utile à faire.
Bonne nuit, mes chers concitoyens. Rêvez au bon belgan et a toutes les petites économies que nous allons faire grâce a lui.
Qui apprend le belgan est grand ! »

Jean d'Osta a délibérément décidé de rire de tout mais, probablement de peur d'être obligé d'en pleurer. Il n'hésite jamais à évoquer les manipulations politiciennes qui aboutissent à des régionalisations, communautarisations, splitsings et autres mais il déplore, en plus, la disparition du bruxellois tué par la volonté des politiciens.

3 commentaires:

  1. Pas simple le Belgan, le Bruxellois est plus savoureux. Je me suis intéressée à Jean d'Osta, sa bibliographie est fort étendue et je n'avais (et non) fait le rapprochement avec Jef Kazak.
    Merci de cette intervention. Et sorry, je dois avoir eu un petit coup de blues. Comme vous dites Charles nous perdons chaque jour un peu plus de nos cultures, de nos traditions (même païenne) une boulangerie ferme, réouverture et oh surprise nous avons changé de pays. J'ai trouvé triste, que dans cette boulangerie, située dans un quartier commerçant, n'a vendu ni bûches de Noël, coeur de Nouvel-An ou galettes des Rois. Reste, heureusement, les grandes surfaces.

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  2. J’ajourerai Charles si je peux, que si tout les Bruxellois ne peuvent et c’est bien compréhensible avoir l’humour et la poésie bruxelloise de notre Jean d'Osta, être bruxellois dans le coeur vous donne le droit d’être fière de ce que vous êtes.

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